Dimanche 25 août, départ pour le centre ouest de la Mongolie en compagnie de mister Jay, québécois que j’ai rencontré quelques jours avant dans ma Guest House à Oulan Bator, ostie de calice! Le bus pour Karakorum, l’ancienne capitale créé par le célèbre Genghis Khan au XIIIème siècle, part à 8h d’après les informations qu’on a eu. Pour se rendre à la station de bus, on prend un taxi, l’heure avançant et ne voyant pas arriver d’autres transport en commun. On arrive 10min en avance, on se presse d’aller acheter nos tickets: le bus part à 11h!
Au moins, ça nous laisse le temps d’aller faire quelques courses, et de prendre le temps de flaner sur un banc. On entend alors de la musique s’échapper d’un immeuble proche. Je m’en rapproche et me rend compte que l’escalier qui va au sous-sol mène à une église catholique! Pas grans monde à l’intérieur, mais un groupe assez rock chante des chansons religieuses pendant que des adolescentes répètent inlassablement la même chorégraphie. Un homme en costume s’approche de moi tout heureux de me voir, il me salue. Puis je rejoinds Jay qui préferait profiter des rayons du soleil. L’homme en costume sort quelques minutes plus tard pour nous inciter très amicalement, avec ses quelques mots d’anglais, à revenir, en nous affirmant que le catholicisme c’est super! Il nous dit qu’il priera pour nous et il nous bénie tellement de fois qu’on voit mal ce qu’il pourrait nous arriver de mal ces prochains jours!
Retour à la station de bus. On nous a attribué les place 44 et 45, on entre donc chercher nos place: la dernière numérotée est la 43! Ca amuse tout le monde en tous cas, et au final Jay se retrouvera assis à côté du chauffeur et moi à l’arrière à 5 sur 4 places avec à ma droite deux hommes très souriants mais qui essayeront discrêtement de gagner toujours plus de place tout au long du voyage!
6h30 de voyage plus tard, arrivée à Karakorum. La ville n’a rien de spécial; elle s’est construite à l’écart des ruines de l’ancienne capitale. On apprécie quand même un grand monastère bouddhiste qui s’impose à l’entrée de la ville. Jay, qui se balade avec son guide, nous a dégoté un camp de yourte bon marché. On se met donc en marche et passons devant un pub-restaurant où il est écrit « Morin Jim« . Jay se souvient avoir lu qu’un français tenait un restaurant et organisait des tours. Effectivement, on apperçoit un homme, le saluons en français; il réplique avec un « bonjour » bien de notre langue. Ca doit être Jim Morin! Nous nous éloignons ensuite de la ville pour chercher notre camp en nous imaginant plein d’histoires avec notre nouvel ami Jim (qui n’est pas encore au courant de notre amitié de longue date!). On finit par trouver le camp, à l’aide d’une famille de locaux, en voiture. Il leur faudra quand même bien 10min au téléphone pour comprendre que nous étions seulement à quelques centaines de mêtres de notre point de chûte!
Une fois installés, on se rend voir le coucher de soleil sur les montagnes surplombant la ville et le vieux monastère, constuit au XVème siècle, notamment avec des pierres des ruines de l’ancienne capitale.
Puis, on décide d’aller manger chez « ce bon vieux Jim »! Arrivée sur place, on l’apperçoit attablé avec des amis. On engage donc la conversation. Il se trouve qu’il n’est pas le propriétaire, il est juste le conjoint de la propriétaire. Mais on tombe surtout de haut quand on apprend qu’il ne s’appelle pas Jim! Pire encore, notre ami imaginaire n’existe pas: Morin Jim veut simplement dire « balade à cheval » en mongole. Explosion de rires, on lui explique, il se mèle à nos rire! Puis on commande à manger et allons boire une bière avec des français qu’on a apperçu dans la pénombre de la terrasse. On s’approche d’eux et l’un sort:
Hey, mais on se connait nous!
Effectivement, on se connait! Ces trois français, je les ai rencontré à une station essence de Renchinlkhümbe, au Khovsgol, en retournant à Moron (cf article 6 jours au Khovsgol). Ils voyagent en moto. Ce soir là, ils sont avec un autre français, qui lui, fait un tour du monde depuis 8mois. On passe une très bonne soirée mais on décide de ne pas rentrer trop tard pour pouvoir se lever tôt le lendemain.
Sur le chemin du retour, on se fait interpeller par un groupe de mongoles devant un karaoké. Une guide qui parle anglais et son chauffeur sont avec un groupe d’amis. Ils nous invitent à nous joindre à eux. On se retrouve à chanter avec eux à tue-tête. La session terminée, on continue en improvisant un accapela beatbox-chant à deux. Les autres dansent et hurlent, c’est la folie! Puis vient l’heure de s’en aller, le karaoké ferme. On pense continuer la soirée avec eux, mais le chauffeur, éméché commence à s’en prendre à nous sans raison, il empêche Jay de sortir! La guide vient à notre rescousse pour le calmer, en vain. Elle nous dit donc de nous en aller avant que ça dégénère: proposition acceptée sans négociation! C’est toujours pareil, les mongoles, dès qu’il sont bourrés, ils veulent se battre! En rentrant, on s’amuse à s’imaginer qu’on va les retrouver le lendemain dans le camp, sans avoir trop envie que nos délires se réalisent.
Lundi 26 août, réveil à 8h, Jay ouvre la porte de la yourte, sort et rentre aussitôt: le chauffeur est là, à quelques dizaines de mêtre! Ils partent en tour avec des touristes. Quelle histoire! Je pars prendre un petit-déjeuner, nos regards se croise, il rigole en me faisant en signe menaçant: je n’ai jamais su s’il était sérieux! Je demande à la guide ce qu’il lui est arrivé: il était jalou.. Bon, on s’en doutait. Notre improvisation musciale a plus interessé les filles que son éthilisme avancé!
Ce matin, on a prévu d’aller visiter le monastère. Visite très sympa. On croise à nouveau nos compères français de la veille. Puis nous allons manger avant d’aller faire du stop pour nous rendre à Tsetserleg. Un bus doit normalement passé, même si on ne sait pas vraiment à quelle heure!
On se retrouve alors à bloquer la circulation entre les voitures qui s’arrêtent et deux ânes qui ne nous lâchent pas.
Un touriste d’Oulan Bator, qui rentre chez lui avec femme et enfant, nous propose de nous emmener sur les hauteurs de Karakorum voir un monument à la mémoire des Huns, célèbre peuple qui conquit presque toute l’Asie, dirigé notamment par le célèbre Atila, bien avant l’épopée de Genghis Khan. On accepte bien évidemment, le stop attendra!
Puis, notre nouvel ami nous emmène vers une statue pour le moins originale: un statue de forme phallique! Oui vous lisez bien, phallique! Celle-ci se situe dans une petite vallée qui mène finalement au somment d’une colline. A quelques centaines de mêtres plus loin, on apperçoit le monastère de Karakorum.
Pour la petite histoire, on raconte qu’à une certaine époque, les jeunes moines en manque d’affection, venaient discrètement franchir la colline pour rejoindre leur maîtresse de l’autre côté, à l’abris des regards. Ces virées nocturnes arrivèrent aux oreilles du Lama. Celui-ci décida ainsi d’ériger un monument sacré de forme phalique afin de disuader les siens d’aller « pêcher » lors de leur passage dans cette vallée qu’on surnomme désormais « Vallée du vagin »! Les histoires autour de cette statue ayant fait leur bout de chemin, c’est désormais un lieu sacré où les couples qui ne parviennent pas à avoir d’enfants viennent se recueillir afin de recevoir meilleure fertilité!
Après toutes ces émotions, on nous ramène à la station essence. Nos deux compères ânes ont disparus! De toute façon il était peu probable que le chauffeur de bus qui nous pris seulement quelques minutes après eut accepté de les véhiculer!
Deux heures plus tard, arrivée à Tsetserleg, capitale de l’Aïmag d’Arkhangaï, décrite comme la plus belle des capitales de provinces par le Lonely Planet. Le paysage est très joli effectivement, avec ces montagnes rocheuses qui entourent la ville. En revanche, cette dernière n’a rien de spéciale. On décide d’aller chercher un hôtel bon marché. Pas évident! Finalement on se rend à la seule guest house de la ville: Fairfield , tenu par notre nouvel ami imaginaire « John Fairfield » (ne me demandez pas pourquoi!): hors de prix. Toujours aussi businessman ce John! Mais l’hôtel d’à côté nous propose leur chambre « VIP » avec toilettes et tv s’il vous plait! On négocie un prix plus qu’abordable. Très bien , allons nous promener sur les hauteurs de la ville avant d’aller manger. En route, on rencontre trois enfants, entre 1 et 5 ans environ. Une bien étrange rencontre! En 10minutes en leur compangie, les 3 resteront figés, sans décrocher un moment, sans bouger. Bon, il faut dire que Jay et moi mesuront plus d’1m90, nous sommes deux blancs (pas si courant à cet endroit!) et pour couronner le tout Jay a les cheveux rouges! On tentera tout notre vocabulaire mongole, rien y fait. Devant la pauvreté de cet échange, on décide donc de passer notre route.
Au diner, on rencontre Audrey et Laurianne, deux françaises parties faire de la randonnée avec leur tente pendant trois semaines à Tsagaan Nuur. Courageux pour deux étudiantes de 21ans! Après avoir partagée une bière, on rentre se coucher.
Mardi 27 août au matin, visite du temple, qui surplomble la ville. On en profite pour passer un peu de temps avec les moines qui prendront plusieurs minutes à se familiariser avec le Lonely Planet de Jay.
Puis on rentre manger un morceau avec les filles rencontrées la veille avant les habituels adieux; mon compagnon de route et moi allons reprendre l’auto-stop pour nous rendre à Tariat, seul village aux alentours de Tsagaan Nuur (« White lake » ou « lac Blanc »). On se retrouve à la sortie de la ville, et pendant 1h on essaye de trouver « voiture à nos pieds »! Un gars nous aide a arrêter les voitures, appelle un ami à lui. Mais nouvelle fois, ce n’est pas sans arrière pensée: il prend une commission sur l’argent qu’on donne à son ami, qui nous emmène finalement avec son petit camion.
Il faut se rappeller tout de même que le stop n’est pas gratuit en Mongolie, il peut même s’avérer très cher si vous ne passez pas du temps à négocier!
Après un petit arrêt chez la famille du chauffeur, petit de thé au lait et fromage, accessoirement les pires que j’ai pu rencontrer en Mongolie (mais aussi première dégustation pour Jay, peu probante) nous voilà à Tariat. Quatre heure de route, il est donc tard, on nous dépose devant un hôtel. Après avoir parcourue toute cette ville morte déserte à la recherche d’un restaurant, on se rend à l’évidence: il faut trouver un autre plan dîner! On s’achète donc à manger et nous trouverons comme salle à manger: la cuisine d’un restaurant fermée, au rez-de-chaussée de notre hôtel!
Mercreci 28 août, direction la parc National de Tsagaan Nuur! 2h de marche nous attend avec de rejoindre le fameux lac dont on nous a dit le plus grand bien. A l’entrée du parc, on recontre un couple de locaux sur leur moto, ils nous indiquent ou trouver leur guest house au bord du lac; ils ont l’air gentil et le prix raisonnable. On a d’hors et déjà un endroit ou dormir. Il faut savoir que Jay n’ayant pas de sac de couchage ni tente, j’ai laissé mes affaires à la guest house d’Oulan Bator. Il faut donc qu’on trouve un endroit ou dormir tous les soirs!
En route pour la randonnée, on est intrigué par un volcan posé là, au milieu de nulle part: le Khorgo Hull. On le gravit. La vue est surprenante! L’éruption ancienne de celui-ci a laissé des traces: des roches volcaniques ont rempli la vallée. Au loin on apperçoit le lac. Je vous laisse apprécier:
En fait, le lac n’a existé que parce-que les coulées de lave ont emprisonné l’eau de la rivière qui coulait à cet endroit. Le volcan a fait du bon boulot, le paysage est splendide! J’apprécierai aussi la belle chûte de Jay lors de la descente dans le cratère, qui lui laissera comme souvenir une jolie cicatrice à la main!
Retour dans la vallée, il faut traverser un grand ruisseau. Un troupeau de moutons et de chèvres nous montrent le chemin. Mais un petit chevrot reste bloqué sur une des rives: il est trop petit pour franchir l’obstacle. Lorsqu’il me voit arriver, il s’empresse de venir vers moi et me lécher les mollets, tout affecteux, alors que d’habitude ils s’enfuient: encore quelqu’un d’intéressé! Bref, je le prends dans mes bras et franchissons le ruisseau ensemble.
Arrivés au bord du lac, tout est paisible, on nous avait décrit l’endroit comme rempli de camps de touristes. Mais c’est la fin des vacances mêmes pour nos amis mongoles. On est presque seuls, on trouve un restaurant qui n’ouvre que pour nous: 4 cuisinières pour deux étrangers affamés! Puis on s’en va poser nos affaires dans la guest houe, qui est finalement un camp de yourte mais dont les touristes sont tous des occidentaux. En fait, c’est le seul camp encore ouvert. On y retrouve Maggy, un allemande, qu’on avait apperçu dans le bus qui nous avait emmené de Karakorum à Tsetserleg. On passe la soirée tous les trois, sans oublier le ukulélé, à regarder les nombreuses étoiles filantes!
Jeudi 29 août, grasse matinée dans notre yourte privée! Petit déjeuner avec vue sur le lac, atelier écriture, puis après avoir manger un des délicieux repas que nous concoctent les gérants, il est temps pour nous de prendre le chemin du retour. En route, on recroise notre ami le chevrot qui a retrouvé les siens, mais qui est bien moins affectif que la veille! Quand je vous disait que c’était un interessé!
Arrivée à Tariat, un homme nous indique qu’un bus part le lendemain matin, il en est le chauffeur. On tente quand même de faire du stop à une station essence à l’entrée de la ville: sans succès. On rentre donc en ville, nous asseyons sur un banc, et resterons deux heures posés là, à ne rien faire si ce n’est que de discuter avec des locaux et s’amuser avec les gamins intrigués du coin. Puis un jeune arrive pour nous demander de l’aide, il ne pavient pas à faire fonctionner son appareil photo correctement. Jay trouve la solution, l’homme nous invite ainsi à dormir chez lui. C’est le professeur d’histoire du collège, il habite chez sa mère à 5minutes de là. On est accueilli à bras ouverts, avec un bon repas en prime.
Vendredi 30 août, après un petit déjeuner à base de viande de mouton (dur dur), on se rend prendre notre bus ou s’ammasse une foule, oui une foule dans ce village où l’on a jamais vu plus de 5 personnes en même temps, la surprise est totale! C’est la fin des vacances, les gens rentrent chez eux et les étudiants s’en vont à Oulan Bator. Pour l’anecdote, on aura le droit bien naturellement à notre alcoolique bourré dans le bus et la petite engueulade habituelle avec le chauffeur.
Après 13h de transport, le soir sera paisible à la guest house d’Oulan Bator. La semaine a été complètement folle, les organismes ont besoin de récupérer de toutes ces émotions!
Samedi 31 août, journée repos. Jay, qui devait aller en Corée du Nord, n’a pas été retenu dans le tour qu’il convoitait. On décide donc de prolonger l’aventure ensemble dans le désert de Gobi. Mais pour une fois, on est obligé de trouver un « tour » à partir d’Oulan Bator. C’est très compliqué pour trouver du monde une fois sur place et de se déplacer par soi-même; et comme son nom l’indique, c’est le désert, il ne vaut mieux donc mieux pas s’y aventurer sans chauffeur! On écume donc les guest house à la recherche d’un groupe qui serait prêt à partager la location d’un mini van et de son chauffeur. Plus on est de fous, plus on rit, mais surtout moins c’est cher!
Le soir, c’est Tartiflette! On en parle depuis plusieurs jours, j’ai donc décidé de conconcter ce plat qui excite nos papilles! On passe la soirée avec Louisa, une chilienne, qui voyage depuis 2mois avec Ania, une polonaise, qui a la particularité d’avoir joué au volley en professionnel en France: on a donc de nombreuses connaissances communes! La soirée qui s’annonçait calme va prendre une toute autre tournure; on se retrouvera à danser en chorégraphie dans une boîte de nuit avec des mongoles déchainés; on oubliera presque de dormir!
Dimanche 1er septembre, on trouve nos nouveaux compagnons pour le désert de Gobi: Sharona et Yaer, jeunes mariés israéliens, Mérav, une autre israélienne, Ista, une malésienne, et Nico, un italien. On est donc 7 à partir le lendemain pour 7 jours.
Et le Gobi, c’est juste l’endroit à ne louper sous aucun prétexte en Mongolie!
Bye bye la Mongalie…. 2 noms me sont familiers dans le récit de ce jour, enfin presque…. fairfield (john) ville où ma fille habite en Californie et karakorum , ville largement évoquée dans le livre « La longue Marche » de B.Olivier qui a marché à pied de France jusqu’en Chine. Magnifique aventure également.
Finalement le choix au niveau l’appareil était bon ! Bien vu !