6 jours de Kung Fu dans un temple de la montagne du Yunnan

Nous y voilà!

Tel que je vous l’ai dit dans l’article précédent, je suis allé m’initier au Kung Fu dans un temple bouddhiste dans la montagne du Yunnan. Je voulais juste apporter quelques précisions sur ce temple. A l’origine, l’histoire dit que deux voyageurs ayant posés leurs bagages à Dali, avaient entendu parler d’un Maître expert en Kung Fu dans ce temple. Ils étaient donc allé le voir pour lui demander de leur enseigner cet Art. Celui-ci refusa catégoriquement au début, voyant tout ce que le tourisme apportait de néfaste. Puis, avec du temps et de la réflexion, il s’est rendu compte que tous les touristes n’étaient pas les mêmes, et que certains cherchaient des lieux de recueillement et de sérénité comme le sien, voyant le monde dans lequel ils vivaient. Il décida alors d’accepter la requête et commença à enseigner à des étrangers son savoir, en demandant seulement aux élèves de se plier aux règles du temple et une maigre compensation financière pour le logement et les repas. Ainsi ce lieu est connu uniquement grâce au bouche à oreille entre voyageurs. Le Maître ne veut pa qu’on en fasse la publicité, il refuse que le site soit inscrit dans les guides. Et vous ne trouverez que très peu d’informations sur internet. C’est pour cela que, bien que j’en parle, je ne donnerai pas d’informations quand à sa localisation. J’ai trouvé son nom quelques fois sur internet mais je ne préfère pas le donner sur mon blog, en espérant que authenticité tellement rarissime de ce lieu soit préservée. Cependant, si vous êtes intéressés pour participer à cette expérience, vous pouvez me contacter en privé, et je vous dirai ce qu’il faut savoir!

Vendredi 29 Novembre, après une grasse matinée et une petite promenade dans Dali, me voilà de retour dans la guest house où je rejoins Shachar et Tal, que j’avais rencontré, comme vous le savez désormais, à Oulan Bator en Russie 4 mois, puis un mois auparavant à Chengdu. Avec eux, un belge, Filip, et une autre israélienne, Rotem. Ensemble, nous prenons un taxi qui nous conduit à quelques dizaines de minutes de là. Après s’être engouffré dans la montagne, à l’écart de toute civilisation, le taxi s’arrête enfin. Il nous indique la direction à prendre. Nous empruntons un chemin pavé, tout est calme, paisible. Petit à petit, se dessine à travers les arbres un magnifique temple. Une jeune moine nous interpelle alors qu’elle et en train de s’afférer au ménage. On lui dit qu’on vient pour s’initier au Kung Fu. Elle semble connaître la chanson, et nous emmène à l’intérieur même du temple. Elle nous invite à patienter. Quelques minutes plus tard arrive un moine qui nous demande de remplir des papiers ainsi que de régler directement pour la semaine complète, tout en sachant que l’on peut partir quand on le souhaite ou rester tant qu’on le veut. Le prix est dérisoire par rapport à l’expérience que l’on nous propose. Celui qui sera notre entraîneur parle assez bien anglais, et même un peu israélien! Il nous donne ensuite une feuille avec les règles à suivre, avec par exemple l’obligation de saluer le Maître dès qu’on le voit, une interdiction de faire du bruit dans la temple et le soir, ne pas parler à table que si on nous le demande, de finir les plats jusqu’au moindre grain de riz, interdiction de consommer alcool et tabac, etc,…

Puis, nous rejoignons nos quartiers, à l’intérieur même de l’enceinte du temple. La chambre est plus que modeste: un lit et c’est tout! Pas d’électricité, et les toilettes sont à l’autre bout du temple. Quand aux douches, elle sont bien entendu froide. Peu importe, c’est magique!

 

 

A 18h la cloche du repas sonne. On nous attribue un bol ainsi que des baguettes que l’on devra conserver tout au long de notre séjour. Le repas commence avec un certain rituel en l’honneur de bouddha.

A MI TUO FOO

est un autre nom que l’on attribue à Bouddha. C’est aussi le salut qu’on énoncera au début de chaque repas ensemble, ainsi qu’à la fin avec chacune des tables. Mais c’est aussi la façon dont on devra saluer le Maître, en unissant ses deux mains en signe de prière.

Le dîner, comme chaque repas, est végétarien. Il se compose de riz, ainsi que de 6 différents légumes cuisinés. C’est tout simplement délicieux. On s’attache toujours à servir les autres avant de se servir. On mange à volonté, tant que l’on finit tous les plats! J’en demandais pas mieux!

Le repas se déroule dans un silence religieux (c’est le cas de le dire!). C’est très perturbant pour nous au début, j’en suis presque mal à l’aise, mais plus les minutes se déroulent, plus on s’aperçoit que c’est sain, on prend le temps de bien manger!

Le Maître, quand à lui, est le genre de personnage qui inspire un grand respect. Un prestance comme on en voit plus! Il semble profondément bon et nous met tout de suite à l’aise, même en ne parlant pas un mot d’anglais (par ailleurs, tous les moines ne parlent pas chinois entre eux, mais un dialecte de la région). Âgé d’une cinquantaine d’année, il est issu de la prestigieuse lignée des moines Shaolin, réputés pour leur kung fu. Il est aussi celui qui a enseigné son savoir à notre entraîneur. Par ailleurs, j’ai appri qu’il était très respecté et écouté dans toute la province et que d’autre maîtres venaient même le consulter parfois.

On dénombre une petite dizaine de moines, tous ayant des tâches définies, que ce soit dans la vie de tous les jours (cuisine, ménage, entretien), ainsi que pendant la prière. De plus, je rencontre une russe d’une quarantaine d’année qui est tombée amoureuse de l’endroit. Au fil du temps (3ans il me semble) à la voir voir quasiment tous les jours au temple, le Maître lui proposa et de lui enseigner la pensée bouddhiste. Grâce à elle, j’ai appris beaucoup de choses sur l’histoire du lieu.

A 19h, vient justement la prière. Chacun prend sa place, et le gong de l’imposante cloche à l’entrée du temple commence à retentir, laissant petit à petit sa place à des chants religieux. Quand à nous, nous restons à l’entrée, complêtement bouché bé devant le spectacle auquel on est en train d’assister, conscients du privilège que l’on nous offre d’être là.
Pendant ce temps là, la nuit tombe petit à petit. La prière dure un peu plus d’un heure, mais la cloche va retentir toutes les quinzaine de seconde, percutée par un des moines qui restera seul dans le noir à chanter, et ce pendant plusieurs dizaines de minutes.

A 21 je serai couché ce soir là, après avoir chercher ma route avec ma lampe frontale dans la pénombre. Je crois que c’est le seul soir où j’ai veillé si tard!

Samedi 30 Novembre, notre entraîneur nous a fixé rendez-vous à 6h30 pour l’entrainement! Pas besoin de réveil cela-dit, à 5h20 retentit le premier gong de la cloche. Et le même rituel que la veille au soir se met en place. Un moine va faire retentir la cloche toutes les quinzaines de seconde, accompagnant le son puissant avec des chants bouddhistes. Etant donné que nos chambres, sont dans l’enceinte du temple, qu’elles ne sont pas du tout isolées, inutile de vous dire que c’est la première et dernière fois que j’aurai mis mon réveil ici!

A 6h, la prière a commencé, le déroulement semble le même. Quand à nous, à 6h20, nous somme fin près, attendant dans la pénombre, équipés de nos bonnets, nos écharpes et nos gants: oui il fait froid le matin, et on nous a brièvement dit que l’on allait courir.

Finalement à 7h10, la prière se termine. Notre entraîneur arrive; il a l’air plus en forme que nous! Il s’équipe d’un jolie cache-oreilles blanc, et nous fait signe de le suivre. Nous voilà parti pour un footing qui s’achève assez précocement au bout d’une dizaine de minute de descente, au bord d’une rivière presque asséchée. Il se saisit alors d’un rocher plat, je dirais d’une bonne trentaine de kilos! Il le pose sur sa tête et nous invite à faire de même. Tout le monde choisit alors son rocher plats, les filles se font moquer parce-qu’elle choisissent plutôt des cailloux plats en premier lieu! Et nous revoilà reparti dans le sens inverse. On va ainsi marcher une petite demi-heure avec notre rocher sur la tête qui nous oblige à nous tenir bien droit et nous réchauffe l’organisme! Arrivés au temple, on doit encore des descendre des dizaines de marches afin de trouver un bord du sentier dépourvu de rochers plats et y déposer le nôtre! On remonte ainsi sur une esplanade, devant l’entrée principale du temple afin de commencer des étirements. C’est alors que retentit la cloche annonçant le petit-déjeuner! On se rend alors chercher nos bol et baguettes et nous redons au réfectoire. Le petit déjeuner est aussi délicieux que le dîner de la veille!

A 9h, retour aux hostilités! On retourne sur l’esplanade à l’entrée du temple, De l’autre côté, un arbre de plusieurs milliers d’années, qui est à l’origine de l’histoire de cet endroit incroyable. Ce qui est moins attrayant, c’est que l’on commence par une heure d’étirement, ça faisait longtemps, ça pique! Puis on débute l’apprentissage des mouvements de bases du Kung Fu pendant 2h.

 

 

 

 

Vous avez déjà vu les films où le vieux Maître avec sa longue barbe blanche enseigne l’art du Kung Fu à ses jeunes élèves dans un décors somptueux? C’est cliché! Et bien, on y est pourtant complètement, mis à part que notre entraineur à 25ans et est quasi imberbe!

Midi. Après deux trois derniers coups dans le vide, la sonnerie du repas retentit. Le repas est encore une fois au delà de nos attentes, l’appétit est plus que là, mais nous parvenons tout de même à nous rassasier.

L’entrainement d’après étant à 16h, une sieste s’impose. Les organismes ont déjà bien été sollicités! Puis presque naturellement, chacun de son côté, et alors qu’une complicité s’est installé dans notre groupe, tout le monde se rend dans son coin comme pour se recueillir. Et encore un cliché! Mais l’endroit s’y prête vraiment!

16h, retour à l’entrainement, au mouvements de bases s’ajoute l’apprentissage de Katas, sorte de chorégraphie intégrant tous les mouvements, nécessitant vitesse, précision et fluidité!

18h, la cloche du repas… Ce soir là, je prends déjà le rythme en étant couché à 19h30 pour m’endormir vers 20h15!

Les jours se sont ainsi enchaînés. Le stage a duré 6 jours (5 jours plein d’entrainement). Le même rythme tous le jours, des progrès tous les jours. Notre entraineur sympa et plein d’humour. Mais aussi plein de découvertes et des gens assez incroyables! Pour parler d’un moment qui m’a marqué, je me suis rendu un après-midi vers le salon du Maître où j’ai aperçu la porte ouverte. Il se trouvait en pleine cérémonie du thé avec son élève russe et un jeune couple. Dès qu’il m’a vu, il m’a invité à participer à la cérémonie. Je me suis retrouvé atablé avec tout ce petit monde, buvant mon thé et mangeant les différents petits biscuit que l’on m’offrait. Le jeune couple souhaitait se marier et venait donc demander conseil sur leur avenir au Maître. Pendant ce temps, l’élève s’afférait au thé, en suivant un rituel bien défini.

Une fatigue corporelle mais un repos de l’esprit!

J’aurais souhaité rester plus longtemps, mais mon visa va bientôt expirer et je compte aller au Laos rapidement pour me reposer. De plus, les entraînements sont très fatigants; d’ailleurs, l’une d’entre nous a du abandonner au bout de trois jours tant il était difficile de suivre le rythme.

Je suis en Chine depuis presque 3 mois, et j’ai beaucoup aimé ce pays, mais il m’a épuisé. Beaucoup de tout: transports, monde, bruit, temps passé à chercher le moindre endroit,…

Ainsi, Mercredi 4 Décembre, me voilà de retour à Dali, d’où je prends directement un bus pour Kunming. J’arrive le soir dans la Guest House que je devais quitter pour 4 jours, et que j’avais finalement laissé 10 jours auparavant. La soirée sera tranquille, je recroise, Pierre-Alain (cf article précédent), on passe une soirée tranquille.

Jeudi 5 Décembre, je prends mon billet de bus-couchette qui me fera quitter la Chine: direction l’Asie du Sud-Est. Et pour commencer, ça sera le Laos. Départ le soir-même à 18h pour ce que l’on m’avait dit être un trajet de 16h, qui s’est avéré devenir un trajet de 23h arrivée à la station de bus, et qui a finalement été un trajet de… 27h

Rendez-vous au Laos!

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5 réponses à “6 jours de Kung Fu dans un temple de la montagne du Yunnan

  1. Magique, Kévin ! Profite bien de toutes ces expériences, enrichis-toi de tout cela !

  2. Encore un commentaire de ma part…. mais ces 6 jours de « zénitude » active ne laissent pas indifférent. Nous avons tous besoin de ressourcement et la philosophie boudhiste nous y aide grandement.
    Ce matin même , lu dans un journal, un reportage sur le monastère boudhiste de Thich Naht Hanh en Périgord, qui connait un gros succès . En Isère, près de Voiron, également le temple boudhiste de Monchardon.!
    Plus « touristique » le 10 mars à koh Samui, un jeune de la région, ami de mon fils , s’installe la-bas et inaugure son bar! P.A.y sera avant son retour en France le 13 mars. Pour le moment, il est dans le sud de la Thailande. Bonne continuation.

  3. Plour les lecteurs de ce blog et en complément des écrits de Kévin, une superbe émission d’arte , entre le 3 mars et le 11 mars, à voir sur replay , « médecines d’ailleurs ». Reportage d’un medecin urgentiste de Chambéry parti à la découverte d’autres médecines. Vu ces derniers jours : La mongolie, un medecin boudhiste chez les moines shaolin , et aujourd’hui , un autre médecin de 91 ans dans la province du Yunnan en chine. La suite devrait être en Afrique et ailleurs. Hyper interessant. Ces médecines sont un bon complément de nos médecines conventionnelles.

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